Archives par mot-clé : Histoire de l’art

Regard nouveau sur l’église Saint-Martin-des-Puits : à propos de l’utilité de réviser les anciennes missions

Façade de l’église Saint-Martin-des-Puits (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)

La base Romane a été créée pour rendre accessible à tous le fonds photographique de la photothèque. Chaque année, de nouvelles fiches sont référencées, enrichissant considérablement la base de données. Depuis les années 2000, un grand nombre d’édifices ont été répertoriés. Les méthodes d’indexation ne sont plus les mêmes, tout comme la bibliographie qui s’est étoffée. L’enrichissement de Romane ne repose pas uniquement sur l’ajout de nouveaux sites, mais comprend également des missions de révision des fiches existantes afin de mettre à jour les données. Finalement, au-delà d’un corpus d’images, elle tend à devenir une base de connaissance, enrichie également par les articles publiés dans les Cahiers de civilisation médiévale et les données du corpus des inscriptions de la France médiévale (CIFM)

Cette mission s’inscrit dans la continuité de celle d’Amal Azzi sur les peintures de la crypte de Notre-Dame de Montmorillon (Vienne). La nouvelle politique d’indexation vise à réduire le nombre de fiches, à les regrouper par thématique et à offrir aux utilisateurs des réponses plus synthétiques. Elle a été appliquée à plusieurs édifices, tels que Saint-Pierre de Montgauch, Saint-Aignan de Brinay, l’abbatiale Saint-Pierre de Méobecq, ainsi qu’à la crypte de l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe. Plus récemment, cette méthode a été mise en œuvre pour l’église Saint-Martin-des-Puits, permettant un renouvellement significatif des connaissances sur le bâtiment.  Cette petite église, située dans l’Aude, en région Occitanie, à proximité de la frontière espagnole, remonte au Xe siècle et s’inscrit dans le style des édifices préromans de cette époque. Elle est particulièrement reconnue pour son programme de peintures murales romanes. 

Peintures du mur est du chevet plat de l’église Saint-Martin-des-Puits (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)

Les fiches révisées avaient été indexées dans les années 2000 et proviennent du fonds photographique Courbières-Ottaway du CESCM, dont la majeure partie des clichés datent de 1989. Un plan anonyme complète ce corpus. À partir de ces données, l’objectif a été de mettre à jour la bibliographie et de regrouper les informations selon les ensembles architecturaux, sculpturaux et iconographiques, afin d’offrir à l’utilisateur une lecture plus claire et structuré de l’édifice. En l’état, les fiches ne permettaient ni de se repérer dans l’espace, ni de localiser les peintures au sein de l’église.

            Pour répondre à ces interrogations, une connaissance approfondie de l’édifice s’est avérée nécessaire. Avant de procéder au regroupement des fiches, un travail de recollement bibliographique s’imposait. Concernant Saint-Martin-des-Puits, les études disponibles sont peu nombreuses, la plus notable demeurant celle de Marcel Durliat dans les années 1970. Toutefois, des nouvelles recherches complètent ces travaux. La plus récente émane d’une commande de la Drac Languedoc-Roussillon et porte principalement sur une étude documentaire, archéologique et stratigraphique, ainsi que sur un diagnostic du décor médiéval en élévation. Par chance, elle a été publiée à la suite de la présentation de ses résultats lors d’une journée d’étude. Elle a permis d’identifier les différentes phases de construction ainsi que les nombreuses campagnes de restauration, témoignant d’une réelle volonté de sauvegarde du bâtiment.  Ces éléments ont permis de réviser le plan dont nous disposions. Contrairement à ce qui était indiqué, l’église ne possède pas de porche — une mention erronée ayant faussé la compréhension de l’organisation spatiale du site. Il a également été possible de dater les différents espaces et éléments architecturaux. Au-delà de proposer une indexation la plus précise possible, le référencement des diverses études constitue une ressource précieuse pour les utilisateurs de la base, en les orientant vers les articles ou ouvrages traitant du sujet — ou plus largement du thème étudié. Cela représente un outil particulièrement utile tant pour les amateurs que pour les chercheurs ou les étudiants de master susceptibles de conduire une recherche sur ce site.

Détail de « l’Annonciation » peinte sur le mur est du chevet plat de l’église Saint-Martin-des-Près (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)

Le second objectif consistait à réduire le nombre de fiches en les regroupant par thématiques. Depuis les années 2000, les méthodes d’indexation et la manière d’envisager la photographie ont évolué. Alors qu’on privilégiait auparavant une séparation stricte de chaque photographie, la nouvelle approche vise à regrouper les éléments similaires afin de faciliter la recherche pour l’utilisateur et d’éviter de le confronter à une multitude de résultats portant sur un même objet ou un même motif. De cette manière, les résultats sont regroupés par thématique iconographique ou ensemble architectural.

La mission d’indexation a mis en évidence la nécessité de reprendre certaines anciennes campagnes et, dans certains cas, d’envisager une nouvelle série de prises de vue. Dans le cadre de cette étude, les photographies disponibles, datant de plus de trente ans, gagneraient à être renouvelées à l’aide des outils numériques actuels, afin d’offrir des images de meilleure qualité. Par ailleurs, pour mieux situer les éléments dans l’espace, la consultation d’autres bases de données, telles que la base Mérimée ou celle de l’Inventaire, s’est révélée indispensable. Cela a permis de constater que, depuis 1989, certains éléments architecturaux ont disparu, ou encore que certaines baies, alors murées sur les anciennes photographies, ont été réouvertes. Il serait également pertinent de documenter l’état actuel des peintures murales, afin de sensibiliser à l’importance de leur conservation ou d’éventuelles restaurations. 

Détail du « Bain à l’enfant » peint sur le mur est du chevet de l’église Saint-Martin-des-Près (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)

L’église Saint-Martin-des-Puits est désormais consultable sur la base Romane. Pour en savoir plus sur ce site ou sur la nouvelle politique d’indexation, nous vous invitons à assister au focus organisé dans le cadre des Semaines d’études médiévales. L’édifice y sera abordé sous l’angle de son histoire, de son architecture et de son décor peint. Ce sera l’occasion de présenter des constats sur le décor peint mais aussi les différentes phases de construction et de restauration de cette église, dont l’architecture s’avère aussi parlante que ses peintures murales.

[20 juin 2025] 16e rencontres GRIM-IMAGO

16e rencontres GRIM-IMAGO

L’ailleurs et l’étranger dans les images médiévales

 

Liber de natura rerum, vers 1290. Valenciennes,
Bibliothèque Municipale, Ms 320, fol. 46. Source : Initiale

 20 juin 2025

INHA. 2 rue Vivienne, 75002 (Salle Vasari)

Métro : Ligne 3 : Bourse Lignes 1 et 7 : Palais Royal – Musée du Louvre Lignes 7 et 14 : Pyramides

Accueil INHA : 01 47 03 89 00 –  www.inha.fr

PROGRAMME

10h Introduction

10h15 – Maud Pérez-Simon (Université Sorbonne Nouvelle), Les vrais monstres sont parmi nous. Le manuscrit BnF fr. 15106, le premier inventaire de monstres en langue française.

11h – Thomas Guglielmo (Université de Poitiers), Aux frontières de l’humain : questionner l’altérité du lépreux dans la production visuelle du second Moyen Âge.

 11h30 – Pause

 11h45 – Camille Grandpierre (Sorbonne Université), Iskandar et ses voyages dans les manuscrits peints du monde persan.

12h15 – Amal Azzi (Université de Poitiers), D’ici et d’ailleurs : circulations et transferts des représentations funéraires entre Flandres et Aunis à la fin du Moyen Âge.

12h45 – Déjeuner

14h15 – Mikhail Maizuls (EHESS / CNRS), Les chapeaux juifs : transferts et transformations dans l’art de la fin du Moyen Age.

15h – Marie Métraud (Université de Poitiers), Imager et imaginer l’autre : étude iconographique de la conversion des païens dans deux exemples manuscrits de la Vie de Saint-Amand (Valenciennes, BM, ms 500 et 502).

15h30 – Pause

15h45 – Ulysse Ecard (Université Paul Valéry – Montpellier), Le coffret de Perceval : le parcours d’un marginal vers la chevalerie.

Les colonnes du ciborium de San Marco à Venise

Les colonnes du ciborium de San Marco à Venise

Maria Aimé Villano

Turnhout : Brepols, 2025 (Culture et société médiévales, 43)

ISBN : 978-2-503-61170-9

100€

L’ouvrage étudie les quatre colonnes sculptées et inscrites du ciborium de la Basilique de San Marco à Venise avec un approche multidisciplinaire qui tente de parcourir les phases évolutives de ce célèbre monument.

La recherche s’articule autour de trois axes principaux : une lecture approfondie des aspects visibles et matériels qui composent l’œuvre d’art, c’est-à-dire les parties sculptées et les inscriptions ; la relation de l’œuvre avec les sources littéraires ; enfin, la relation de l’œuvre avec le contexte. L’application d’une méthode globale, qui considère l’œuvre d’art comme un objet complexe fait de signes, de lieux et d’intentions artistiques, a permis une nouvelle interprétation de l’œuvre, ouverte à des enjeux tout à fait actuels d’histoire de l’art, et connectée à la notion d’histoire et d’anthropologie des objets, en constante relation avec le temps et l’environnement.

Ce livre se compose de huit chapitres qui affirment et décomposent à la fois le « système » des colonnes ; ils sont précédés d’une mise en perspective historiographique. L’ouvrage présente également un catalogue exhaustif de fiches décrivant, pour la première fois, une à une les scènes et les inscriptions des colonnes.


Maria Aimé Villano est historienne de l’art, spécialisée dans le Moyen Âge italien et byzantin. Elle a obtenu son doctorat en 2020 en cotutelle entre l’Université Ca’ Foscari de Venise et l’Université de Poitiers. Après un an de post-doc à l’Université de Verone elle est engagée dans le projet ERC Graph-East consacré à l’épigraphie médiévale en caractères latins dans la Méditerranée orientale.

[10 avril 2025] Cycles ReMED (1ère éd.) : #3 histoire de l’art

Les cycles ReMED

Écrire et entretenir l’histoire médiévale du Poitou

Lieu : CESCM (salle René Crozet)

Date : 10 avril, 18h-20h

 

Revoir, Retrouver, Réactualiser, Rencontrer… le Moyen Âge, tel est l’objectif des cycles de conférences ReMED.

 

Organisés par les doctorant.es du Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale.

Il s’agit de rassembler chaque année des médiévistes issus de différentes disciplines et professions autour d’une thématique commune. Le cycle débute en septembre avec une conférence inaugurale, suivie d’une conférence chaque mois jusqu’en avril 2025 et se tient dans les locaux du CESCM. Il s’adresse à toutes et tous, scientifiques et amateurs, afin de partager et diffuser les connaissances autour de la période médiévale.

Pour cette troisième conférence des cycles ReMED dédiée à l’histoire de l’art, nous aurons le plaisir d’écouter Claire Boisseau (Chargée de recherche CNRS, Centre André Chastel UMR 8150 – docteure en histoire de l’art et archéologie médiévale de l’Université de Poitiers) et Carolina Sarrade (Ingénieur d’études CNRS en production de données et analyses de sources – archéographe CESCM-UMR 7302). Dans une communication à deux voix, elles présenteront les procédés techniques de mise en œuvre d’une peinture murale à l’époque romane.

 

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles

Information : remed.cescm@gmail.com

 

 

   

 

L’art médiéval comme théologie

L’art médiéval comme théologie

Éric Palazzo

Rennes : Presses universitaire de Rennes, 2025

ISBN : 979-10-413-0339-7

123 p. – 10€

 

Durant la longue période du Moyen Âge, les liens
entre l’art et la théologie sont si intimes que l’histoire
de l’art médiéval nous apparaît tout à fait étrange.
Pour éclaircir cette étrangeté, le livre présente une
première synthèse destinée à un large public : au
lieu d’étudier, comme de l’extérieur, les formes et les
styles de l’art du Moyen Âge, il tente de nous mettre
dans le regard et dans l’esprit même de cette longue
époque. Comment ? À partir de la présentation
et de l’analyse de dix œuvres prises dans des
formes artistiques variées (enluminure, sculpture,
vitrail, architecture…), il tente de percer la nature
profonde des pensées qui lient indissociablement les
théologiens et les artistes du Moyen Âge. Chaque
œuvre est étudiée dans son contexte historique.
Chacune d’elles est décrite et interprétée de façon
à immerger le lecteur au cœur de la richesse et de
la complexité de la théologie chrétienne faite image :
une image faite théologie d’un Dieu qui s’est incarné.


Éric Palazzo est professeur d’histoire de l’art du
Moyen Âge à l’université de Poitiers et membre du Centre
d’études supérieures de civilisation médiévale et de
l’Institut universitaire de France. Il est un spécialiste
internationalement reconnu des relations entre l’art et la
liturgie à l’époque médiévale.