Nouvelle méthode d’indexation des peintures murales
dans la base Romane
Initiés depuis 2016 et construits comme un high-light sur le fonds iconographique du CESCM, les « Focus » montrent la corrélation entre le fonds photographique de la photothèque et son intégration dans la base Romane.
La nouvelle méthode d’indexation des peintures murales ne se limite pas à l’enrichissement par l’ajout de nouveaux sites ; elle inclut également la révision des fiches existantes afin de mettre à jour les données et d’améliorer la qualité des résultats proposés aux utilisateurs de la base Romane.
Le lundi 16 juin 2025, de 11h30 à 12h30, en salle Crozet, dans un cadre scientifique tout autant que convivial, nous accueillerons Amal Azzi et Mélissa Bourroux, pour découvrir la nouvelle politique d’indexation à travers les exemples des peintures murales de Notre-Dame de Montmorillon (Vienne) et celles de Saint-Martin-des-Puits (Aude). Elles présenteront les résultats de leurs missions de réactualisation des missions.
Ouvert à toutes et à tous et axé sur l’interactivité, vous êtes convié·es à partager ce moment autour d’un verre. N’hésitez pas à apporter votre casse-croûte.
Façade de l’église Saint-Martin-des-Puits (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)
La base Romane a été créée pour rendre accessible à tous le fonds photographique de la photothèque. Chaque année, de nouvelles fiches sont référencées, enrichissant considérablement la base de données. Depuis les années 2000, un grand nombre d’édifices ont été répertoriés. Les méthodes d’indexation ne sont plus les mêmes, tout comme la bibliographie qui s’est étoffée. L’enrichissement de Romane ne repose pas uniquement sur l’ajout de nouveaux sites, mais comprend également des missions de révision des fiches existantes afin de mettre à jour les données. Finalement, au-delà d’un corpus d’images, elle tend à devenir une base de connaissance, enrichie également par les articles publiés dans les Cahiers de civilisation médiévale et les données du corpus des inscriptions de la France médiévale (CIFM)
Cette mission s’inscrit dans la continuité de celle d’Amal Azzi sur les peintures de la crypte de Notre-Dame de Montmorillon (Vienne). La nouvelle politique d’indexation vise à réduire le nombre de fiches, à les regrouper par thématique et à offrir aux utilisateurs des réponses plus synthétiques. Elle a été appliquée à plusieurs édifices, tels que Saint-Pierre de Montgauch, Saint-Aignan de Brinay, l’abbatiale Saint-Pierre de Méobecq, ainsi qu’à la crypte de l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe. Plus récemment, cette méthode a été mise en œuvre pour l’église Saint-Martin-des-Puits, permettant un renouvellement significatif des connaissances sur le bâtiment. Cette petite église, située dans l’Aude, en région Occitanie, à proximité de la frontière espagnole, remonte au Xe siècle et s’inscrit dans le style des édifices préromans de cette époque. Elle est particulièrement reconnue pour son programme de peintures murales romanes.
Peintures du mur est du chevet plat de l’église Saint-Martin-des-Puits (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)
Les fiches révisées avaient été indexées dans les années 2000 et proviennent du fonds photographique Courbières-Ottaway du CESCM, dont la majeure partie des clichés datent de 1989. Un plan anonyme complète ce corpus. À partir de ces données, l’objectif a été de mettre à jour la bibliographie et de regrouper les informations selon les ensembles architecturaux, sculpturaux et iconographiques, afin d’offrir à l’utilisateur une lecture plus claire et structuré de l’édifice. En l’état, les fiches ne permettaient ni de se repérer dans l’espace, ni de localiser les peintures au sein de l’église.
Pour répondre à ces interrogations, une connaissance approfondie de l’édifice s’est avérée nécessaire. Avant de procéder au regroupement des fiches, un travail de recollement bibliographique s’imposait. Concernant Saint-Martin-des-Puits, les études disponibles sont peu nombreuses, la plus notable demeurant celle de Marcel Durliat dans les années 1970. Toutefois, des nouvelles recherches complètent ces travaux. La plus récente émane d’une commande de la Drac Languedoc-Roussillon et porte principalement sur une étude documentaire, archéologique et stratigraphique, ainsi que sur un diagnostic du décor médiéval en élévation. Par chance, elle a été publiée à la suite de la présentation de ses résultats lors d’une journée d’étude. Elle a permis d’identifier les différentes phases de construction ainsi que les nombreuses campagnes de restauration, témoignant d’une réelle volonté de sauvegarde du bâtiment. Ces éléments ont permis de réviser le plan dont nous disposions. Contrairement à ce qui était indiqué, l’église ne possède pas de porche — une mention erronée ayant faussé la compréhension de l’organisation spatiale du site. Il a également été possible de dater les différents espaces et éléments architecturaux. Au-delà de proposer une indexation la plus précise possible, le référencement des diverses études constitue une ressource précieuse pour les utilisateurs de la base, en les orientant vers les articles ou ouvrages traitant du sujet — ou plus largement du thème étudié. Cela représente un outil particulièrement utile tant pour les amateurs que pour les chercheurs ou les étudiants de master susceptibles de conduire une recherche sur ce site.
Détail de « l’Annonciation » peinte sur le mur est du chevet plat de l’église Saint-Martin-des-Près (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)
Le second objectif consistait à réduire le nombre de fiches en les regroupant par thématiques. Depuis les années 2000, les méthodes d’indexation et la manière d’envisager la photographie ont évolué. Alors qu’on privilégiait auparavant une séparation stricte de chaque photographie, la nouvelle approche vise à regrouper les éléments similaires afin de faciliter la recherche pour l’utilisateur et d’éviter de le confronter à une multitude de résultats portant sur un même objet ou un même motif. De cette manière, les résultats sont regroupés par thématique iconographique ou ensemble architectural.
La mission d’indexation a mis en évidence la nécessité de reprendre certaines anciennes campagnes et, dans certains cas, d’envisager une nouvelle série de prises de vue. Dans le cadre de cette étude, les photographies disponibles, datant de plus de trente ans, gagneraient à être renouvelées à l’aide des outils numériques actuels, afin d’offrir des images de meilleure qualité. Par ailleurs, pour mieux situer les éléments dans l’espace, la consultation d’autres bases de données, telles que la base Mérimée ou celle de l’Inventaire, s’est révélée indispensable. Cela a permis de constater que, depuis 1989, certains éléments architecturaux ont disparu, ou encore que certaines baies, alors murées sur les anciennes photographies, ont été réouvertes. Il serait également pertinent de documenter l’état actuel des peintures murales, afin de sensibiliser à l’importance de leur conservation ou d’éventuelles restaurations.
Détail du « Bain à l’enfant » peint sur le mur est du chevet de l’église Saint-Martin-des-Près (Crédit : CESCM-Courbières-Ottaway)
L’église Saint-Martin-des-Puits est désormais consultable sur la base Romane. Pour en savoir plus sur ce site ou sur la nouvelle politique d’indexation, nous vous invitons à assister au focus organisé dans le cadre des Semaines d’études médiévales. L’édifice y sera abordé sous l’angle de son histoire, de son architecture et de son décor peint. Ce sera l’occasion de présenter des constats sur le décor peint mais aussi les différentes phases de construction et de restauration de cette église, dont l’architecture s’avère aussi parlante que ses peintures murales.
Anne-Sophie Traineau-Durozoy (Conservateur au SCD de Poitiers, responsable du fonds ancien et du pôle Moyen Âge) et Martine Henrot (CNRS, bibliothèque du CESCM) proposent une nouvelle saison d’ateliers de formation d’une heure, visant à présenter les ressources numériques autour du Moyen Âge et valoriser la méthodologie documentaire.
As-tu essayé la WIID ?
Date : mardi 8 avril de 12h à 13h
Lieu : Pôle documentaire Berthelot du CESCM (rez-de-jardin)
As-tu essayé la WIID ? À propos de la Warburg Institute Iconographic Database et de quelques bases de données italiennes
Présentation par Thomas Guglielmo (Doctorant CESCM)
Présentation de la WIID et de quelques bases de données de manuscrits italiennes, en évoquant leur contenu et leur fonctionnement à partir de quelques exemples.
Ouvert aux Master 1 et 2, doctorants, enseignants-chercheurs, personnel et extérieurs.
Nous espérons vous y voir nombreux, cet atelier est ouvert à tous, destiné à échanger sur les ressources numériques et axé sur l’interactivité : vous êtes chaleureusement conviés à partager ce moment !
Depuis janvier 2025 un généreux don fait par Robert Favreau à la Photothèque du CESCM nous permet de partager les premières observations faites par Prosper Mérimée en 1835, lors de sa découverte de l’abbaye bénédictine de Saint-Savin : ce recueil résume les quatre visites de l’inspecteur général des monuments historiques, accompagné des aquarelles de M. Gérard-Seguin est venu compléter la version numérique de l’ouvrage conservé dans le fonds depuis 2010, un exemplaire est également conservé dans les fonds de la bibliothèque Michel Foucault1.
« Après huit siècles, ses fresques subsistent, et, bien que dégradées, elles offrent toujours un vaste sujet d’études à l’artiste et à l’antiquaire. Depuis peu d’années seulement elles sont l’objet de la sollicitude d’une administration éclairée, et l’auteur de cette notice s’applaudit d’avoir un des premiers signalé leur importance ».
Le texte est écrit par M. P. Mérimée, par ordre du Roi et par le soin du Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique en 1845.
« La peinture est, de tous les arts du Moyen Âge, celui dont les monuments sont les plus rares en France ; et cependant il est certain que la plupart de nos églises ont été revêtues autrefois d’une riche ornementation coloriée, et que leurs voûtes et leurs parois, enduites aujourd’hui d’un badigeon uniforme, présentaient de vastes compositions peintes à fresque ou en détrempe.
La peinture murale, florissante au-delà des monts, se perdit en France, soit parce que nos peintres furent assez modestes pour reconnaitre leur infériorité vis-à-vis des maîtres italiens, soit parce qu’ils furent assez orgueilleux pour rougir du titre de décorateur (…)
Les compositions peintes cessèrent de se produire dans nos églises, ou ne s’y montrèrent que par hasard, n’étant déjà plus considérées comme nécessaires à la décoration. Au lieu de se concerter avec l’architecte pour embellir la maison de Dieu, le peintre suspendit ses tableaux au jour le plus favorable, heureux s’il pouvait attirer sur son œuvre une attention exclusive (…)
L’action seule du temps suffisait pour altérer ou détruire, dans la plupart de nos grands édifices, une décoration naturellement peu durable ; les ravages de la guerre, l’ignorance, et surtout les caprices de la mode, se réunirent pour la faire disparaître plus rapidement.
L’existence d’une vaste église conservant encore un ensemble immense de peintures murales, qui remontent à une époque fort reculée du moyen âge, est une espèce de prodige aujourd’hui : aussi l’on n’en cite plus qu’une seule en France, c’est Saint-Savin. Après huit siècles, ses fresques subsistent, et, bien que dégradées, elles offrent toujours un vaste sujet d’études à l’artiste et à l’antiquaire. Depuis peu d’années seulement elles sont l’objet de la sollicitude d’une administration éclairée, et l’auteur de cette notice s’applaudit d’avoir un des premiers signalé leur importance (…)
Malheureusement les secours ont été tardifs, et ne pouvaient d’ailleurs avoir d’autre effet que de reculer l’époque d’une destruction complète. Chaque jour, cependant, doit effacer quelque trait, affaiblir quelque couleur. Le seul moyen de conserver efficacement ces peintures, ou plutôt d’en perpétuer le souvenir, c’était de les reproduire par le dessin et la gravure. Tel est le but de la présente publication (…)
Vierge dessinée par M. Denuelle, reproduite sur le frontispice de l’ouvrage.
Le talent du dessinateur, M. Gérard-Séguin, les ressources fécondes de l’industrie moderne, garantissent la fidélité de la copie ; et s’il est impossible de produire ces peintures telles qu’elles furent autrefois, on a pu du moins donner l’idée la plus exacte de ce qu’elles sont aujourd’hui (…)
Quatre visites à l’abbaye de Saint-Savin m’ont permis d’étudier son architecture avec tout le soin qu’elle mérite, et le concours le plus généreux de la part d’artistes et d’antiquaires instruits ne m’a pas manqué pour l’accomplissement de la tâche que j’avais entreprise (…)
Viollet-le-Duc, qui m’avait accompagné dans mon dernier voyage, m’a ouvert son précieux portefeuille, et s’est chargé de dessiner et de faire graver sur bois les vignettes indispensables pour la clarté de mes descriptions…
À Saint-Savin, ce qui frappe surtout le voyageur habitué à la richesse des églises poitevines, c’est la nudité des murailles, l’absence presque complète de toute sculpture, enfin une apparence austère, qui suffisait à faire assigner une date très ancienne à l’église, surtout si on la compare aux églises voisines, dont les plus pauvres étalent souvent un luxe d’ornementation remarquable (…) Pas une colonne engagée auprès de la porte qui donne dans la nef, pas une moulure, pas la plus légère trace d’ornementation sculptée. La décoration ne consiste qu’en peintures.
À ne voir l’église qu’à l’extérieur, ses assises en moellons uniformes et régulièrement disposés, on ne devinerait pas la grossièreté singulière de l’appareil. Ces assises de moellons ne sont qu’un parement, derrière lequel on trouve un opus incertum composé de pierres de toute grandeur, de briques et de gravois noyés pêle-mêle dans le ciment, et revêtus d’un crépissage à l’intérieur de l’édifice. Les colonnes ne sont pas construites en meilleurs matériaux ; leurs tambours sont de moellons assemblés sans beaucoup de soin, et séparés par des lits de mortier d’une épaisseur remarquable. Le tout est couvert, ainsi que les arcades, les voûtes et les parois, d’un enduit assez fin, évidemment destiné à recevoir des peintures.
Tout ce qui pouvait être copié des peintures qui décoraient le vestibule, la nef et la crypte en 1845 est reproduit dans cet ouvrage … »
Les relevés de la plupart des scènes témoignent avant tout de l’état des peintures au moment de la publication, mais correspondent peu à leur réalité stylistique.
Une exposition organisée par l’équipe de la Photothèque du CESCM permettra de découvrir certains exemplaires de cette riche collection à partir d’avril 2025.
Peintures de l’église de Saint-Savin : département de la Vienne, M.-P. Mérimée (textes), Gérard-Seguin M. (dessins), lithographiés en couleur par M. Engelmann, Paris, Impr. Royale, 1845, 3e série : archéologie [↩]
Anne-Sophie Traineau-Durozoy (Conservateur au SCD de Poitiers, responsable du fonds ancien et du pôle Moyen Âge) et Martine Henrot (CNRS, bibliothèque du CESCM) proposent une nouvelle saison d’ateliers de formation d’une heure, visant à présenter les ressources numériques autour du Moyen Âge et valoriser la méthodologie documentaire.
Christine de Pizan Multi-Tasking, par Mike Licht. Flickr.com. CC BY 2.0
Date : mardi 25 mars 12h30 à 13h30
Lieu : Pôle documentaire Berthelot du CESCM (rez-de-jardin)
Calligraphies arabes dans les terres centrales de l’Islam (XIIIᵉ-XVIᵉ siècle) : analyse paléographique et computationnelle
Présentation par Riham Aida Mokrani (Doctorante, Humanités numériques et Histoire du livre manuscrit arabe, EPHE-PSL)
Cet atelier traitera les principales questions de recherche ainsi que les méthodes et outils envisagés pour répondre à ma thèse qui vise à étudier le développement des six styles calligraphiques (al-aqlām al-sitta) et l’impact du célèbre maître calligraphe Yaqut al-Mustaʿṣimī (m. 1298 à Bagdad) sur l’évolution de la tradition calligraphique – De l’application des méthodes numériques et computationnelles à l’analyse paléographique et à la modélisation codicologique des manuscrits arabes produits dans les terres centrales de l’Islam entre le XIIIᵉ et le XVIᵉ siècles.
Ouvert aux Master 1 et 2, doctorants, enseignants-chercheurs, personnel et extérieurs.
Nous espérons vous y voir nombreux, cet atelier est ouvert à tous, destiné à échanger sur les ressources numériques et axé sur l’interactivité : vous êtes chaleureusement conviés à partager ce moment !
Centre d'Études supérieures de civilisation médiévale (UMR 7302)